J’avais hâte de découvrir ce qu’Eugénie, l’organisatrice, avait imaginé pour cette édition si particulière. Le lieu restait un mystère jusqu’au dernier moment, et je brûlais d’impatience à l’idée de découvrir les décors, les personnages et le fil de l’expérience.
Le domaine s’étendait devant nous, impressionnant. À peine arrivés, les premières silhouettes costumées surgissaient ici et là, presque irréelles. Des couples assortis jusque dans les moindres détails. J’ai été frappée par le soin apporté aux tenues : beaucoup avaient investi dans des créations faites main, entre inspirations historiques et relectures façon cosplay. L’ambiance s’installait déjà, silencieusement.
La première mise en scène nous a plongés dans l’ambiance : une courte scène introductive entre Hadès et Perséphone, intense, charismatique. Puis le jeu s’est ouvert à nous. Le manoir, les jardins et les différents espaces prenaient vie à travers une série d’ateliers répartis dans tout le domaine. Chaque participant était libre de composer son parcours, d’errer, de questionner, d’explorer. On pouvait participer à autant d’ateliers que le temps imparti le permettait, mais mieux valait choisir avec soin : certains offraient des cristaux ou permettaient d’approcher l’objet maudit, au cœur de la quête.
Pendant ce temps, les échanges entre participants ajoutaient une autre dimension à l’expérience. Certains jouaient leur personnage avec un sérieux déroutant, d’autres se laissaient porter par la légèreté d’un échange ou d’un rire. C’était là toute la richesse du bal : réunir toutes les énergies, tous les niveaux d’implication, autour d’un même enchantement.
Les danses étaient entrecoupées d’un buffet raffiné : des amuse-bouches salés et sucrés, joliment présentés, parfaits pour reprendre des forces. Un moment convivial, propice aux échanges, aux rires, aux confidences. C’est là aussi que la magie opérait. Les regards croisés, les compliments spontanés, les conversations entre passionnés ou curieux. On partageait nos impressions, nos fous rires, nos petites victoires et nos cristaux durement gagnés.
Puis, les résultats du jeu ont été proclamés. Un couple s’élevait vers les cieux, uni sous le regard de Zeus et Héra. Un autre remportait le droit de circuler librement en Enfer, guidé par Hadès et Perséphone. Les autres, quant à eux, étaient renvoyés à leurs tourments. Avec Vincent, nous n’étions pas parmi les vainqueurs… mais nous repartions riches d’instants précieux.
Le lendemain, au réveil, la magie laissait place à une douce lassitude. Chaque muscle rappelait l’intensité de la veille, mais le cœur, lui, restait ailleurs. Sur la route du retour, on évoquait les silhouettes croisées, les couples inoubliables – Éros et Psyché, Henri VIII et Anne Boleyn, Merlin et Viviane, Dracula et Mina, Geralt et Yennefer… et ces instants suspendus, comme ce casino délirant mené par Hécate. Comme un rêve qui s’efface lentement, mais dont il reste l’essentiel.
Ce que je retiens, ce sont les échanges, les rencontres, l’émotion sincère des participants. L’énergie de ceux qui, comme nous, avaient tout donné. Et ce sentiment, rare, d’avoir été ailleurs. Hors du temps.
Et si le bal s’est achevé, l’histoire, elle, n’a pas dit son dernier mot. Un dernier acte se jouera bientôt devant l’objectif, pour ancrer l’éphémère. Ultime prolongement de cette aventure, pour refermer doucement les portes de l’enfer… et emporter un peu de sa lumière.
