Chapitre 4 : L’écrin du souvenir

Si vous découvrez ce récit en chemin, je vous invite à commencer par le début de cette aventure envoûtante.
👉 Lire le Chapitre 1 – Invitation au Royaume des Morts.

Un dernier tableau pour ne rien oublier

Le shooting faisait, pour moi, pleinement partie du Bal. Comme la préparation de la tenue ou l’émotion du jour J, il prolongeait l’expérience, en figeant son souvenir dans le temps.
Je ne savais pas encore quand il aurait lieu, mais une chose était certaine : je ne voulais pas trop tarder. Il me fallait cette lumière d’hiver, pesante et voilée, cette atmosphère dramatique qui correspondait si bien à ma vision des Enfers. Sous un ciel printanier, la tenue aurait perdu de sa puissance.

Mais organiser ce moment n’avait rien d’évident. N’étant plus en région parisienne, je ne pouvais pas faire de repérages à l’avance, ni improviser un lieu. Certains endroits nécessitent des autorisations, d’autres interdisent tout simplement les prises de vue. Et il fallait, en plus, que mes deux précieux complices soient disponibles : mon père, vidéaste et chauffeur du jour, et ma mère, fidèle photographe.

J’avais en tête de découvrir un autre lieu, un décor encore inexploré pour offrir à ce shooting un souffle nouveau. Mais la réalité des contraintes – l’impossibilité de faire des repérages et le manque de temps – a finalement fait de Sceaux une évidence. Ce lieu, si familier, garde une magie indéniable, toujours aussi saisissante à chaque visite.

Quelques jours avant mon retour, la conversation a glissé naturellement, au détour d’un dîner familial. Samedi matin nous a paru être le moment parfait, juste avant mon départ. Restait à prier pour que la pluie ne s’invite pas trop tôt.
La veille, j’ai tout préparé dans les moindres détails : tenue, accessoires, cape, perruque. Et au matin, nous avons quitté la maison à l’aube pour rejoindre le domaine à l’ouverture. Le ciel était bas, le vent humide, la bruine menaçante.

Nous avons commencé par le manoir de l’Aurore, puis avancé vers le château, qui se découpait dans la brume avec une majesté presque irréelle. J’avais plusieurs idées en tête : faire vivre la cape devant les façades imposantes, puis longer les allées, avant de l’ôter pour dévoiler la tenue dans son intégralité. Quelques vidéos devaient aussi compléter le tableau.
Le froid ne m’atteignait pas, tant que je restais emmitouflée dans ma cape de laine et mes gants de velours. Mais une fois découverte, sous les premières gouttes de bruine, j’ai vite senti l’hiver m’envelopper. Alors nous avons accéléré le rythme, multiplié les prises, volé chaque image avant que la pluie ne s’impose.
Malgré les caprices du ciel, le résultat m’a ravie. Ce dernier shooting fut un moment suspendu, un ultime écho de cette aventure extraordinaire. J’ai prévu d’en faire imprimer les images dans un petit livre photo, pour ne jamais oublier cette matinée hors du temps.
Le Parc de Sceaux, même familier, a su être à la hauteur de mes rêves. Et une fois les dernières images capturées, il a fallu refermer doucement le rideau.
Du tout premier élan d’inspiration jusqu’à ces dernières lignes, j’ai savouré chaque instant du Bal des Amants Maudits. J’espère que ces chapitres vous auront permis de rêver un peu, vous aussi.
Et peut-être, qui sait… qu’un prochain bal viendra un jour écrire la suite.
À très bientôt 🌹

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